Note: j’ai écrit cet article en janvier 2022, bien avant le résultat des présidentielles. Je le mets en ligne en mai mais je ne l’ai pas changé pour rester fidèle à ce qui s’est dit. A mai 2022, Quitterie continue sa campagne avec détermination.
Quitterie vient nous parler de sa campagne originale pour les #législatives à Paris (Vième au VIIème arrondissement): une campagne indépendante des partis, focalisée sur la démocratie et le lien avec les habitantEs.
J’avais croisé la personne de Quitterie de Villepin via le MOOC sur la #gouvernancepartagée de l’Université du Nous (exsssssssellent d’ailleurs) sous le format d’une vidéo pleine d’énergie.
L’énergie est toujours là, la conviction aussi 😉

Son parcours explique cet engagement particulier et résonne particulièrement en moi: d’abord responsable de campagne d’éducation sur la thématique du développement avec Greenpeace ou les Amis de la Terre, elle tente une première expérience politique avec l’investissement dans un parti, le Modem, pendant 6 ans.
Baptème du feu. Elle nous décrit un parcours du combattant, un jeu où « on passe sa vie à s’entretuer pour une place ». Opacité, absence de règles. Et la mécanique propre à la plupart des partis nationaux qui joue à plein: en étant confrontés tous les ans ou presque à une élection, en résulte une focalisation permanente sur la fin (électorale), les moyens et la vision passant au second plan. Elle décrit de façon éclairante la destruction des bonnes énergies, la mise au rebut systématique de tout type de « programme » ou « propositions » des militantEs pour un arbitrage final par le haut, dans l’opacité générale.
Elle claque la porte courageusement et avec intégrité et s’en suit le projet MA VOIX (3 ans), qui tente de contourner l’écueil de l’ultra personnification, en proposant la démocratie liquide (dont plusieurs d’entre nous se souviendront grâce à leurs magnifiques affiches argentées, figurant un miroir pour dire aux électrices et électeurs que leur députéE … c’était elles et eux). Tirage au sort, énergie, démocratie totale et… 1% sur 43 circonscriptions 😬
Bon, pas simple de changer le système 😅
De cela elle retire 2 enseignements:
– « On n’est jamais prêtE, il faut se lancer »
– La nécessité d’avancer groupéEs à une élection: « on ne peut pas changer les usages seuls », la question étant autour de quoi et avec qui?
Elle s’appuiera sur cette expérience pour la 3ième étape, celle de Investies (« Investi.e.s » dans le texte), parcours de formation et d’échange pour 60 femmes investiEs en politique pour faire réseau et se fédérer en tant que femmes (« Dans tous les partis, les postes clés, cordons de la bourse ET choix des investitures, sont tenus par des hommes », cf l’équipe resserrée choisie par Macron, 100% testostérone).
Ces femmes ont documenté leur travail collectif à destination de celles (et ceux) qui veulent se lancer en politique. Précieux et extrèmement complet: (Créative Commons 🎁): https://investies.fr/
Cadeau magnifique, merci Mesdames et chapeau bas !
Académie Des Futurs Leaders est d’ailleurs une émanation naturelle de ce parcours.
Et maintenant les législatives, comment le voit-elle?
1) « Les piliers de ta candidature? »
Le but étant de se mettre au service des habitantes et habitants hors redevabilité des partis, en étant potentiellement seule ou peu nombreux dans ce cas à l’Assemblée nationale française (et avec 300 lois par an à voter), Quitterie et son équipe ont décidé de ne pas avoir de programme détaillé mais une BOUSSOLE 🧭 composée des objectifs du millénaire de l’ONU et des accords de Paris. Elle accompagne ce socle avec une ASSEMBLÉE LOCALE DÉLIBÉRATIVE qui sera l’outil de lien / représentation des 72 000 inscritEs de sa circo. On est dans l’expérimental et elle voit cette assemblée à la fois comme un espace, un panel, encore aux contours mouvants. Excitant.
2) « Et les autres députéEs? La question du groupe parlementaire? »
L’idée des piliers ci-dessus est de permettre à des députéEs de la société civile de se regrouper autour des engagements haut niveau de justice sociale et climatique que je présentais et d’une volonté de démocratie forte (« commun démocratique »). Ça rappelle étrangement #ArchipelCitoyen 😊Elle insiste au passage sur le fait qu’il est impossible pour unE députéE de prétendre à être à la fois dans son parti, à l’assemblée et aux côtés des habitantEs. Ça ne tient pas dans le temps et se fait au prix d’un sacrifice personnel (je pense à la vie personnelle de François Ruffin notamment mais finalement de députéEs de tous horizons comme nous en a témoigné aussi une députée LREM).
Elle fait donc l’arbitrage du lien local.
3) « L’assemblée locale: lui donner le pouvoir de décider ou pas? »
Intéressant de voir qu’elle ne suit pas le fonctionnement de MA VOIX. Elle voit l’assemblée comme délibérative mais se réserve la décision car elle considère qu’elle engage sa responsabilité, son argent, que le cadre (boussole) étant clair, elle doit être la garante de son maintien, qu’elle le doit aux électrices et électeurs (vieille discussion chez #ArchipelCitoyen au sujet de redevabilité et pouvoir de décision: est-on redevable (marche aussi avec « doit on décider avec ») aux habitantEs (et ça veut dire quoi)? aux électrices et électeurs? Aux militantEs? À sa liste?).
Je considère à titre personnel que c’est une des toutes premières questions à trancher quand on se lance sur une échéance électorale:
– A qui suis-je redevable? (Liste ci-dessus non exhaustive)
– De quelle manière? (informer? Co construire? Offrir de proposer? Laisser décider? Laisser contrôler?).
On est dessus pour 2026 avec Archipel Citoyen 🙂
4) « Mais si elle décide pas, l’assemblée, quel bénéfice de la faire délibérer? »
Elle en voit 2 majeurs:
– faire monter en compétences les habitantEs sur la loi ET sa fabrique (les lois passeront sans elle de toute façon);
– être elle le porte-voix à l’Assemblée Nationale de la complexité de la délibération locale (intelligence collective rapportée)
5) « Quelle vision tu as du rôle « social » de la ou du députéE qui aide souvent en local via son enveloppe de financement assos et son ou ses collabs? »
Pour elle l’important dans le lien avec les habitantEs n’est pas de se transformer en assistantE socialE (création de dépendance, manque d’autonomie) mais d’être, toujours dans la lignée des premiers éléments du cercle vertueux de la démocratie d’Archipel Citoyen, une ressource de formation, information et co-construction qui produira un impact à long terme sur l’Assemblée Nationale. Faire l’assistantE socialE, c’est pour elle dévoyer le principe de l’Assemblée, même si, dans l’opposition c’est tentant quand on en peut plus de servir à rien vu le fonctionnement de la Vième (et je la comprends, ô combien, vu que cette question de l’utilité de l’opposition nous taraude Groupe AMC – Toulouse & Métropole tous les jours)
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